«Aussi étrange que cela puisse paraître, ces ouvrages dont l'image est si forte sont sans histoire, tout au moins publiée.» B. Marrey, deuxième de couverture, Les ponts modernes18e-19e siècles.
Ouvrages fascinants et patrimoine immense, les ponts - au delà d'éléments de paysages - sont les témoins successifs des évolutions techniques et idéologiques. Inauguré en 1909, le viaduc des Fades est alors le plus haut pont du monde, et détient encore aujourd'hui le record mondial des plus hautes piles en maçonnerie traditionnelle, tandis qu'il est désormais douzième plus haut viaduc ferroviaire. Cet exploit a immédiatement attiré le regard, et ce bien au-delà de la région. Outre la légion d’honneur attribuée à son ingénieur Félix Virard, l’ouvrage est immédiatement diffusé par de nombreuses cartes postales et photographies officielles, et le développement touristique autour du viaduc est immédiat, fait exceptionnel pour un ouvrage ferroviaire supportant une ligne secondaire. Privé d’entretien depuis les années 80, le viaduc se retrouve aujourd’hui au coeur d’enjeux économiques et politiques qui le condamnent lentement. La SNCF et RFF ont suspendu l’exploitation de la ligne ferroviaire en 2009 mais sans en légaliser le statut depuis. Et malgré cela, gares et passages à niveaux disparaissent les uns après les autres. La situation tend de plus en plus à une irréversibilité qui, si elle est atteinte, mériterait de l’être en toute connaissance de cause…Le viaduc des Fades a-t-il marqué une réelle avancée dans l'histoire des ponts modernes ? L'hypothèse de travail étant que oui, la recherche s'attache également à abroder trois problématiques sous-jacentes : Quels sont les mécanismes qui conduisent à une telle situation ? Comment valoriser un patrimoine encore méconnu ? Quel est l'avenir du viaduc des Fades, mais aussi de l'ensemble de ces structures, dont la valeur n'est pas (re)connue ? Pour y répondre, une méthodologie précie a été mise en place : étudier le viaduc en détail, sous l’angle du chantier, pour mettre en avant ses spécificités propres ; mettre en lien ces spécificités avec celles des viaduc de Garabit et du Viaur, ses deux contemporains ; établir le contexte historique et culturel dans lequel s’est établi le projet du viaduc ; étudier des réhabilitations d’ouvrages d’art selon différents points de vue (technique, économique, historique,…) ; clarifier la situation administrative du viaduc et de sa ligne ferroviaire. Abordant aussi bien les dispositions constructives que l'histoire des ponts ou encore les instances administratives en cause, la recherche pose une réelle question concernant la gestion de notre patrimoine. Par un regard élargi, l'importance d'une historialisation des ouvrages d'art et d'une pensée globale sur leur gestion émèrgent, tendant à un rapprochement et une meilleure compréhension mutuelle des disciplines à l'origine de ces chef-d'oeuvres : ingénierie et architecture.

De très nombreuses cartes postales de ce type ont été publiées, le viaduc devenant rapidement une référence régionale et nationale.

photographie anonyme datée du 3 mai 1904, montrant les maçons de la Creuse à l'oeuvre pour l'une des piles.

Livré aux éléments depuis les années 80, le tablier tend lentement vers une situation irréversible. Photographie Jean-Paul Soulier.

De très nombreuses cartes postales de ce type ont été publiées, le viaduc devenant rapidement une référence régionale et nationale.